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L'ONU : Le refus européen d’arrêter Netanyahu constitue un "racisme persistant"

- « Ce genre de sélectivité dans l’application du droit international est extrêmement dangereux », déclare le rapporteur spéciale de l’ONU pour le droit à l'alimentation

Beyza Binnur Dönmez  | 13.03.2025 - Mıse À Jour : 13.03.2025
L'ONU : Le refus européen d’arrêter Netanyahu constitue un "racisme persistant"

Geneve

AA / Genève / Beyza Binnur Donmez

Certains États européens considèrent la Cour pénale internationale (CPI) comme un outil contre l’Afrique, ce qui fait que le refus de certains pays européens d’exécuter le mandat d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu n’est « pas seulement de l’hypocrisie », mais la continuation de leur « racisme », a déclaré mercredi le rapporteur spéciale de l’ONU pour le droit à l’alimentation.

En réponse à une question d'Anadolu lors d’une conférence de presse conjointe à Genève, Michael Fakhri a cité une interview du procureur de la CPI, Karim Khan, dans laquelle il avait indiqué « la pression qu’il a reçue lorsqu’il a émis ces mandats d’arrêt, et ce qu’il a dit (…) c’est que de nombreux leaders politiques européens ont été surpris, car ils pensaient que la CPI était conçue pour s’attaquer aux leaders africains. »

Il a ajouté que cela allait au-delà de l’hypocrisie ou du double standard, qualifiant cela de « racisme » pur et simple.

« Lorsque des pays européens disent de manière constante qu’ils ne vont pas honorer et respecter ces mandats d’arrêt, c’est la continuation de leur racisme, pas simplement de l’hypocrisie, mais leur racisme », a-t-il déclaré.

En effet, Netanyahu et l'ex-ministre israélien de la Défense Yoav Gallant font l’objet de mandats d’arrêt émis par la Cour de La Haye en novembre dernier pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans la bande de Gaza.

Toutefois, certains pays européens – dont la France, l’Allemagne et l’Italie – ont adopté une position non engageante concernant l’autorité de la cour.

Répondant à la même question, Ben Saul, le rapporteur spécial de l’ONU pour la protection des droits humains, a souligné que « cette sélectivité dans l’application du droit international est extrêmement dangereuse. »

« Cela envoie un message à tout le monde qu’il n’est pas nécessaire de respecter le droit international. Et depuis longtemps, il y a un récit de plus en plus fort de double standard dans le droit international », a-t-il insisté.

Notant que la nature « dangereuse » de ces positions va au-delà de Gaza ou de la Palestine, il a mis en garde contre d’éventuels effets en cascade sur tout le système judiciaire.

« Une fois que ces lignes rouges commencent à être effacées de manière aussi brutale, il ne faut pas longtemps pour que le système se fragilise et se désintègre très rapidement », a-t-il ajouté.

Évoquant les actions récentes controversées de l’administration Trump aux États-Unis, il a ajouté : « Je pense que nous avons vu un exemple de cela aux États-Unis, où un système juridique et politique ancien et sophistiqué se désintègre sous nos yeux en quelques semaines. »

Le droit ne peut faire qu’une partie du travail, a-t-il souligné, insistant sur la nécessité d’un engagement politique des gouvernements.

Margaret Satterthwaite, la rapporteuse spéciale de l’ONU pour l’indépendance des juges et des avocats, a précisé qu’il était « très important » de voir l’UE activer son mécanisme de blocage pour contrer les sanctions contre la CPI.

Un statut de blocage est une loi d’une juridiction visant à entraver l’application d’une loi émanant d’une juridiction étrangère.

« L’UE a cette capacité d’agir ensemble pour activer ce mécanisme de protection, ce qui irait loin pour dire non seulement que nous soutenons la CPI, mais que nous la protégerons de ce genre d’action unilatérale. C’est important. »

« Je suis entièrement d’accord avec mes collègues, il est temps que nous fassions face honnêtement aux double standards, au racisme inhérent à ces double standards, et d’appeler les États qui sont restés silencieux à se lever et à être très clairs dans leur soutien et leur participation active pour garantir l’application du droit international », a-t-elle conclu.


* Traduit de l'anglais par Adama Bamba

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