Le Brexit fera mal à l’Afrique (experts)
Deuxième investisseur européen en Afrique avec plus de 150 grands projets dans les infrastructures, le transport aérien, les hydrocarbures, l'uranium et le cacao, le Royaume-Uni révisera ses contrats d'investissement signés sous l'emprise de l'Union européenne
Tunis
AA/ N'Djamena/ Mahamat Ramadane
La sortie des Britanniques de l’Union européenne (UE), au terme d’un Brexit voté à 51,9% des voix, ne sera pas sans lourdes conséquences sur le continent africain.
Approchés par Anadolu, des analystes et économistes africains n’ont pas hésité à dire que le plus gros de l'orage est à venir.
Si les conséquences de ce retrait sont déjà visibles en Europe avec la chute historique des indicateurs boursiers (-8% pour le CAC 40 à Paris, -10% pour le DAX en Allemagne), elles le seront également en Afrique subsaharienne. Le constat des experts se réfère surtout au statut du Royaume-Uni, en tant que deuxième investisseur européen après la France dans cette région du monde.
Issa Abdel Mamout, économiste et enseignant chercheur à l’Université de N’Djamena explique : «Les Britanniques sont sortis de l'Union européenne parce qu'ils estimaient que leur économie était otage des institutions européennes de Bruxelles. Ils ne vont, donc pas, faire de cadeaux aux Africains.»
Les accords commerciaux, les négociations de partenariat qu'elles soient bilatérales ou multilatérales et les conditions des projets d’investissement signés avec l'Afrique sous l’emprise de l’UE seraient, dit-il, fort probablement redéfinies par Londres.
Le Royaume-Uni est le deuxième investisseur européen en Afrique avec à la clé 156 gros projets dans les infrastructures, le transport aérien, les hydrocarbures, l'uranium et le cacao, selon l’universitaire tchadien.
Des pays relevant du Commonwealth comme le Nigeria, l'Afrique du Sud, le Kenya et le Cameroun ainsi que d’autres pays francophones tels le Sénégal et la Côte d'Ivoire, où le Royaume Uni détient d’importants investissements ont des soucis à se faire, annonce l’économiste.
Conséquence directe du Brexit: Les investissements du Royaume Uni dans ces pays chuteront, seront interrompus ou dans une moindre mesure seront renégociés, vu qu’ils étaient conclus sous l'emprise de l'UE, estime Abdel Mamout. A l'instar du Tchad où la Grande Bretagne est le troisième investisseur (après la Chine et la France) dans les infrastructures et l'exploration des sites pétroliers, le Niger et son uranium, le Nigéria et le Cameroun, avec leurs sites pétroliers dont un bon nombre est exploité par les Britanniques, payeront, eux aussi, le lourd tribut du Brexit, estime l’économiste tchadien.
Prédisant que la priorité des Britanniques ira aux investissements internes dans l’objectif de défendre et de faire valoir leur choix, le même analyste estime qu’il y aura une baisse significative des investissements du Royaume en Afrique, dans les mois à venir.
Aux impacts économiques du Brexit s’ajoutent, de surcroît, d’autres conséquences cette fois-ci d’ordre social et humanitaire. Le sociologue tchadien Mbété Felix, souligne à ce propos, qu’une vingtaine d’Organisations humanitaires britanniques, à l'image de l'ONG Privacy International (PI) qui œuvre pour la lutte contre la pauvreté dans une dizaine de pays subsahariens, verront leurs activités diminuer.
«La sortie du Royaume-Uni aura une conséquence sur les activités humanitaires et sociales des organisations gouvernementales et non- gouvernementales britanniques en Afrique qui œuvrent aux côtés des gouvernements pour lutter contre la pauvreté. Je ne sais pas de quelle manière mais les financements de ces ONG seront revus à la baisse », déclare-t-il dans un entretien avec Anadolu.
Cette baisse impactera des domaines relevant de la santé, de la formation des jeunes et de l’assistance aux catégories vulnérables et démunies notamment dans les principaux pays actuellement bénéficiaires des aides britanniques. Le Kenya, le Mali, l'Ouganda, la Namibien, le Niger, la RCA, le Libéria, entre autres, seront concernés, regrette le sociologue.
Cinq raisons auraient poussé les Britanniques à tourner le dos à l'Union européenne lors du referendum du 23 juin, selon divers observateurs et experts: En votant pour le Brexit, les Britanniques ont voulu " contrôler l'immigration", "restaurer la souveraineté nationale", "quitter un navire qui prend l'eau", "s'affranchir des régulations de Bruxelles" et "commercer librement avec le monde".
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