Plongé dans une crise sécuritaire, le Burundi recense ses étrangers
Au lendemain de la découverte d'une fosse commune à Bujumbura et de l'arrivée de trois experts onusiens chargés d'enquêter sur des violations des Droits de l'homme
Bujumbura
AA/ Bujumbura/ Jean Bosco Nzosaba
Le Burundi a commencé, mardi, une campagne de recensement des étrangers installés sur son sol, une opération visant, selon des observateurs, à consolider la sécurité dans ce pays qui patauge dans la violence depuis plus de 10 mois.
Selon un communiqué du Ministère de la sécurité publique rendu public mardi, le recensement se poursuivra jusqu'au 29 avril prochain. Il sera sanctionné par la délivrance de cartes biométriques à ces ressortissants étrangers.
A part quelques occidentaux et autres Ouest-africains, les étrangers vivant au Burundi proviennent essentiellement des pays voisins comme le Rwanda, la Tanzanie et la République Démocratique du Congo (RDC).
Cette démarche intervient alors que le pays est plongé depuis avril dernier dans un cercle de violences, sur fond de crise politique. Elle intervient également peu après que le Rwanda voisin a été épinglé, dans une note d'enquêteurs indépendants transmises aux Nations Unies, pour des tentatives de "déstabilisation" du Burundi. Pour sa part, Bujumbura accuse le Rwanda de soutenir aussi bien les opposants que les rebelles qui veulent combattre le président Pierre Nkurunziza. Ce qu’a toujours nié Kigali.
Pour des observateurs, le recensement des étrangers s'inscrit dans "une logique de quadrillage des champs d'action de Rwandais accusés (par Bujumbura) d'être derrière les troubles au Burundi", selon un professeur de sciences politiques à l'Université de Bujumbura, ayant préféré garder l'anonymat en raison du "climat de défiance" régnant actuellement au Burundi.
En outre, "le gouvernement avait tenté, précédemment, d'émettre des cartes nationales biométriques pour tous ses citoyens en âge de voter mais cette idée a été vite abandonnée à cause du coût élevé de ces cartes, comment pourrait-il commencer cette fois par des étrangers?", s'est interrogé Anaclet Ndikubwayo de la ligue des droits de l’homme, approché par Anadolu, avant d'en conclure à la "visée sécuritaire" de cette démarche.
Ce recensement intervient au lendemain de l'arrivée à Bujumbura d'experts mandatés par les Nations Unies pour enquêter sur "des violations des Droits de l'homme" dans ce pays.
"Il s’agit de trois experts, dont le Conseil des droits de l'homme de l'ONU avait demandé l'envoi le 17 décembre avec un mandat d'enquêter sur les violations et abus de droits de l'homme en vue de prévenir la détérioration de la situation", précise un communiqué publié lundi par le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme.
La mission d'enquête présentera un rapport préliminaire le 21 mars et son rapport final en septembre. L'arrivée de cette mission a coïncidé avec la découverte, dans le Nord de la capitale, d'une fosse commune contenant une trentaine de corps. La macabre découverte a été présentée, lundi, aux journalistes convoqués pour l'occasion. La police a indiqué avoir commencé ses enquêtes pour identifier les auteurs de ce drame et l’identité des victimes.
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