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"Les élections, un anti-dépresseur efficace pour certains Tunisiens"

Légère baisse des consultations psychiatriques, morale en hausse, lueurs d’espoir... De nombreux tunisiens se sentent soulagés depuis les élections législatives.

21.11.2014 - Mıse À Jour : 21.11.2014
"Les élections, un anti-dépresseur efficace pour certains Tunisiens"

AA/Tunis/Esma Ben Said

A la veille des élections présidentielles, de nombreux tunisiens, appartenant principalement à la classe moyenne et aisée, ont balayé d’un revers de main la morosité, l’inquiétude, voire même l’accablement, dans lesquels ils étaient plongés depuis l'après-révolution de 2011, selon le docteur Noureddine Kridis, professeur de psychologie et doyen de la Faculté des Sciences humaines et sociales de Tunis de 2011 à 2014, dans un entretien avec Anadolu. 

Le nuage noir, qui plane sur le pays depuis la révolution du 14 janvier 2014, tend à se dissiper pour laisser place à quelques lueurs d’espoir.  Soulagés par la bonne tenue des dernières élections législatives (du 24 au 26 octobre à l’étranger, le 26 octobre sur le territoire national), bien des Tunisiens qui avaient le moral en berne, compte tenu d’une conjoncture économique, sociale et politique difficile, commencent à reprendre du poil de la bête, d'après certains psychologues tunisiens.

« Certains Tunisiens développant des malaises psychiques ont commencé à retrouver le goût à la vie et l’envie de travailler, à compter des élections législatives. Les présidentielles renforceront ce sentiment de quiétude même si aucune étude scientifique ne peut encore corroborer le phénomène», fait observer M. Kridis.

«Les citoyens sont heureux à l’idée de pouvoir voter pour un candidat qui les rassure, étant capable de leur dire : rien de mal ne vous arrivera, ce qui vous attend est positif C’est un discours basique mais c’est les Tunisiens en ont fort besoin», souligne la même source.

La détente post-électorale s'est immédiatement manifestée. «Depuis le 27 octobre, certains cabinets privés ont en effet enregistré moins de prises de rendez-vous», confirme Hafedh Ben Romdhane, infirmier à l'hôpital psychiatrique de Tunis «  Errazi ».

Selon M. Kridis, il n’existe encore aucun chiffre officiel.  Les consultations concernent principalement la classe moyenne supérieure,  patients majoritaires des cabinets privés. Les couches inférieures de la société n'ont pas la tradition de consulter les établissements privés, se tournant, à défaut de moyens, au secteur public. Ce qui rend difficile toute vue d'ensemble », fait-il remarquer. Sa synthèse ?: « La sortie de la dépression généralisée prendra du temps ».

Ces dernières années, l’indice du bonheur était en berne, les Tunisiens, de nature joviale, consommaient et sortaient beaucoup moins. Mais, c’était le prix à payer des changements sociaux. Les assassinats de Chokri Belaid et de Mohamed Brahmi, (figures de l'opposition tunisienne) ont choqué tout le monde et beaucoup de gens ont sombré dans la dépression.

Conséquences directes : consommation accrue de drogues et d’alcool, suicides, dépressions, insomnies, ou simple anxiété pour les plus chanceux, relève le professeur de psychologie.

Même l'économie en est grippée. « Les domaines du textile, des industries, de l’agro-alimentaire, ont été particulièrement touchés. Les directeurs recevaient une pression des clients européens et devaient faire face à des ouvriers déprimés, dans l’incapacité de travailler. Beaucoup ont craqué et certains ont fini par mettre la clé sous la porte», ajoute-t-il.

« Le corps social était malade. Les artistes, les lieux du sacré, des symboles chers aux Tunisiens, ont été profanés, beaucoup de veines symboliques ont été touchés », argumente encore  M .Kridis.

« Ces années difficiles ont, toutefois, prouvé l’importance du rôle joué par la société civile qui a très bien résisté », tempère-t-il.

Certains Tunisiens interrogés par Anadolu ont affirmé que leur moral était meilleur. Les termes « soulagement, bonheur,  avenir », revenaient à maintes reprises.

Dans le milieu artistique la tension semble également apaisée.  « Nous sommes sortie d’une léthargie certaine. L’ambiance a changé et les artistes sont satisfaits de l’avancement impulsé par les élections. Le meilleur reste à venir », témoigne à Anadolu, Salem Trabelsi, réalisateur tunisien.

Pour Moez, doctorant en droit : « Les Tunisiens ont atteint le paroxysme de la dépression depuis un an et demi, après les tiraillements politiques, les joutes verbales, et la détérioration de la vie sociale. Les élections sont les premiers signes relaxants. On voit à présent le bout du tunnel. On est proche du salut ».

 
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