AA/Desk/MA
La Commission d'enquête internationale engagée par le Secrétaire général des Nations Unies (ONU), Ban Ki-moon, en janvier dernier en RCA, a annoncé que les anti-Balaka (milices d'autodéfense majoritairement chrétiennes) et les ex-Seleka (groupes militaro-politiques musulmans) ont commis des "crimes contre l'humanité" et que la Centrafrique risque un « génocide », si la communauté internationale ne "réagit pas" en temps opportun, selon un communiqué de presse.
« Il est prématuré de parler de nettoyage ethnique ou de génocide en Centrafrique, mais des preuves ont été récoltées sur des crimes contre l'humanité. Des preuves sérieuses qui prouvent que des individus dans les deux camps - ex-rébellion Séleka et les miliciens anti-balaka ont commis des crimes violant les lois humanitaires internationales ainsi que des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité », indique le rapport de la Commission remis jeudi au SG de l’ONU.
Le communiqué de la commission d’enquête de l’ONU en RCA ne donne cependant pas davantage de renseignements sur la nature des preuves constatées.
Les enquêteurs onusiens notent de surcroît que si la communauté internationale tarde à réagir "rapidement et efficacement" en envoyant davantage de forces de maintien de la paix en RCA, on pourrait rapidement faire face à « une détérioration de la situation qui pourrait conduire à un nettoyage ethnique ou à un génocide prochain ».
Réagissant à ces "accusations", le porte-parole de la Seleka, Amat Nedjad, a déclaré à Anadolu qu'il est "injuste" de mettre dans le "même sac" la Seleka et les anti-Balaka. "Ce sont les anti-Balaka qui ont été reconnus comme ennemis de la paixpar les forces internationales de soutien à la RCA. Par contre, la Seleka ne fait que se défendre. D'autant plus qu'elle n'a jamais commis d'exactions contre les civils". Il a ensuite ajouté:" malgrè tout ce qu'elle a subi et malgrè qu'elle s'est retirée vers le nord, la Seleka est toujours pourchassée.Nous avons constamment respecté les principes définis par la communauté internationale. Sur quels critères s'est-elle donc basée la Commission d'enquête de l'ONU pour nous mettre dans le même moule que les anti-Balaka", s'est-il interrogé.
De son côté, Sébastien Wenezoui, Coordonateur général des anti-Balaka a rétorqué dans une déclaration à Anadolu : « cette accusation est trop précaire. Les gens qui ont commencé les exactions sur les populations civiles, dix mois durant, ce sont les Séléka. Nous, les enfants du pays, nous nous sommes levés comme un seul homme, sans armes dans une logique de légitime défense, pour libérer notre peuple ».
Il a encore affirmé : « C’est vrai qu’il y a des éléments malintentionnés dans nos rangs, qui nous ont rejoint au dernier moment et que ces derniers temps, les assassinats sont devenus une secte. Mais, il faut des enquêtes approfondies afin de déterminer les coupables. Côté Séléka également, ils ne sont pas tous coupables. Il y a ceux qui plaident pour la paix et la réconciliation, à l’intérieur de la mosquée centrale de Bangui, mais qui prêchent un discours et perpétuent des pratiques extrémistes en dehors d’elle », a-t-il observé.
Le général Francisco Soriano, commandant de la force française Sangaris en Centrafrique, avait qualifié, lundi 10 février, les miliciens anti-balaka d'"ennemis de la paix", suite à une série d’attaques qu’ils ont commises contre des civils musulmans et des forces de maintien de la paix.
Le représentant spécial de l'ONU à Bangui, le général Babacar Gaye, avait également condamné, en mars dernier, les exactions des anti-Balaka contre la population civile musulmane, appelant ces derniers à "se ressaisir".
C'est après six mois d’exercice depuis sa mise en place en janvier 2014, que la Commission d'enquête internationale sur les exactions en Centrafrique a remis a remis jeudi son premier rapport aux membres du Conseil de sécurité à New-York. Ce dernier avait voté en avril dernier l'envoi de 12 000 casques bleus dans ce pays déchiré par un conflit intercommunautaire opposant anti-Balaka et Seleka, chrétiens et musulmans. Mais, cette mission de l'ONU n'entrera en action qu'en septembre, prenant le relais de 2 000 soldats français et 6 000 soldats de l'Union africaine.