Sante, Afrique

Cameroun: Une unité de soins palliatifs aide les malades du SIDA à mourir dignement

D’après André Mama Fouda, le ministre camerounais de la Santé publique, près de 160 mille personnes sont actuellement sous antirétroviraux

Safwene Grira  | 01.12.2015 - Mıse À Jour : 01.12.2015
Cameroun: Une unité de soins palliatifs aide les malades du SIDA à mourir dignement

Yaounde

AA/Yaoundé/Anne Mireille Nzouankeu

Le jour est à peine levé et les médecins font déjà la ronde dans le pavillon Saint Raphaël de l’hôpital Saint Martin de Yaoundé. Ce pavillon est exclusivement réservé aux soins palliatifs, c’est-à-dire les soins apportés aux personnes atteintes de maladies incurables ou en phase terminale, sans espoir de guérison ou d’amélioration, les malades sur qui aucun traitement curatif n’est plus efficace et qui attendent juste la mort. Il s’agit pour la plupart de personnes atteintes du cancer ou du Sida.

Ici, le médecin entouré de quelques infirmières prend des nouvelles de chaque malade. Presque tous  ont la même plainte : la douleur.  «J’ai mal partout, au dos, à la poitrine lorsque je respire, à la gorge lorsque j’avale la nourriture, l’eau ou même la salive. J’ai des nausées, je me sens fatiguée », explique Sylvie M, le front crispé.

Sylvie M. est une malade du Sida en phase terminale. Agée de 31 ans, elle donne l’impression d’en avoir le double. Elle a la peau du visage ridée, les yeux semblent sortir de leur globe. Amaigrie, on peut compter ses os en la regardant.  Elle n’est pas la seule dans ce cas. Cette description pourrait s’appliquer à la plupart  des malades de ce pavillon, hommes comme femmes.

Depuis onze mois, aucun traitement antirétroviral disponible au Cameroun n’a plus d’effets sur Sylvie M., chez qui le VIH a été dépisté il y a 10 ans. 

En l’absence de traitement, son état de santé s’est rapidement dégradé et elle est désormais incapable de se prendre en charge. Heureusement, en soins palliatifs, elle a une aide-soignante qui l’aide à longueur de journée à manger, se laver, à aller aux toilettes…

« Je me sens bien ici », explique Sylvie à l’agence Anadolu.  Elle murmure plus qu’elle ne parle. La jeune femme donne l’impression que chaque mot qu’elle prononce lui cause une grande souffrance. Elle ajoute néanmoins: « à la maison je n’étais pas à l’aise...Il n y avait personne pour veiller en permanence sur moi. Il m’arrivait de passer plusieurs heures couchée ... ». La phrase de Sylvie reste inachevée. Elle ferme les yeux et des larmes perlent sur ses joues.

« Les soins palliatifs sont des soins qu’on apporte au malade pour l’aider à mourir dignement. On ne lui ôte pas la vie. On lui apporte un certain confort pendant ses derniers jours», explique Georgette Mbessi, la surveillante générale de l’hôpital Saint Martin,  rencontrée à Yaoundé par l’agence Anadolu.  Ces soins sont par exemple des médicaments spéciaux pour soulager la douleur, une aide psychologique et spirituelle, la propreté corporelle, des causeries, des balades au sein de l’hôpital, des soins de beauté pour ceux qui le souhaitent.  

« Depuis que mon père est ici, il est de bien meilleure humeur même si son état de santé ne s’améliore pas. Il est souriant et le moment de la journée qu’il préfère c’est en fin d’après midi, lorsqu’une infirmière vient le sortir pour une balade et causer avec lui », témoigne Gisèle Etémé, une parente d’un malade en soins palliatifs.  Le coût du service à l’hôpital Saint Martin est de 3000 FCfa (5.5 usd) par nuit, tous frais compris.

Dans les hôpitaux publics financés par l’Etat, la nuitée est d’au moins 5000 FCfa (9.09 usd) et le malade doit en plus acheter le nécessaire pour ses soins y compris les paires de gants, le coton, les seringues, l’alcool. 

Au Cameroun comme dans beaucoup de pays africains, les gens ne vont pas à l’hôpital pour mourir mais pour vivre, ils y vont avec l’espoir de guérir. Alors, lorsque cet hôpital a ouvert une unité de soins palliatifs il y a un an pour aider les gens à mieux mourir, c’était l’incompréhension auprès de la population en général.

Mais très vite, l’unité a été débordée. L’hôpital est passé de six à 70 lits et la liste d’attente est tellement longue que les responsables de l’hôpital sont obligés de refuser des malades. 

A l’heure actuelle, ce petit hôpital privé est le seul de la capitale camerounaise qui offre des soins palliatifs en milieu hospitalier. Les autres hôpitaux privés et publics de Yaoundé offrent des soins palliatifs, mais en ambulatoire, c’est-à-dire que les infirmières se déplacent vers le domicile du malade lorsqu’il en fait la demande.  Ce sont des soins ponctuels et réservés à une certaine catégorie de malades car le personnel médical est limité.

Le ministre camerounais de la Santé publique,  André Mama Fouda, avait récemment déclaré qu'actuellement 160 mille personnes sous antirétroviraux et qu’en 2016, près de  50 mille personnes supplémentaires vont entrer sous traitement.

En 2017, le Cameroun devrait avoir la capacité de prendre  260 mille  malades en charge.

Au Cameroun, les antirétroviraux sont distribués gratuitement aux malades pris en charge par l’Etat. Malheureusement, on évoque très peu le sort réservé aux malades dits résistants, ceux sur qui les médicaments n’ont plus d’effets.

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