AA/Libreville/ Patrick Juillard

Tenu en échec dimanche dans la soirée par le Cameroun (0-0), le Gabon a été éliminé de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2017) devant son public dès le stade de la phase de poules. Avec trois points seulement en trois matchs, les Panthères terminent troisièmes du groupe A, deux longueurs derrière le Burkina Faso et le Cameroun, qualifiés pour les quarts de finale. Un pays organisateur n’avait plus subi une élimination aussi précoce depuis la Tunisie en 1994.

Après un premier quart d’heure prometteur, les Gabonais se sont montrés incapables de maintenir la pression sur des Camerounais qui gardèrent la partie sous contrôle. Une dernière poussée, dans les dernières minutes du temps réglementaire, les vit menacer enfin Fabrice Ondoa, le portier camerounais, d’une frappe sur le poteau de Denis Bouanga, mais il était trop tard. Au courant de la victoire du Burkina Faso sur la Guinée-Bissau (2-0) dans le même temps à Franceville, le public quitta le stade sans s’éterniser dans un silence triste.

Incapable de concrétiser ses temps forts, le Gabon s’en prenait d’abord à lui-même après la rencontre. « On a eu des occasions, mais malheureusement, il y a des jours où ça ne rentre pas. A l’image de mon opportunité en début de match, où à deux mètres du but, je rate le coche. Le football, c’est comme ça. On est les premiers déçus. Et le peuple gabonais aussi est déçu. On a touché le poteau, le gardien a sorti une parade incroyable, et je pense qu’il nous aura manqué cette petite hargne en plus pour faire la différence », a ainsi réagi Pierre-Emerick Aubameyang.

Auteur certes des deux seuls buts de son équipe pendant le tournoi, l’attaquant du Borussia Dortmund aura laissé son public sur sa faim. C’est aussi le cas de beaucoup des cadres attendus du Gabon, tels que le défenseur Bruno Ecuele Manga, le milieu de terrain Mario Lemina et l’attaquant Malick Evouna.

Autre facteur clé de l’échec gabonais, le manque de préparation de l’équipe. Nommé au poste de sélectionneur 43 jours seulement avant le coup d’envoi de la CAN 2017, l’Espagnol José Antonio Camacho n’a jamais paru surmonter son double handicap : ne pas parler le français et n’avoir jamais entraîné en Afrique précédemment.

Mettant la déconvenue gabonaise sur le compte de « l’improvisation », le quotidien L’Union écrit : « Il n’y avait aucun miracle à attendre ». Samedi, lors de la conférence de presse d’avant-match, le gardien de but Didier Ovono reconnaissait la difficulté à se mettre en ordre de bataille dans le contexte gabonais actuel. « Le contexte politique a un tout petit peu miné les conditions de travail… On n’a eu que très peu de jours avant la CAN. Donc on a tâtonné lors du premier match », avait déclaré le dernier rempart des Panthères.

Privés de la ferveur populaire qui les accompagnait en 2012, lors de l’édition coorganisée avec la Guinée équatoriale, les joueurs gabonais auront été jusqu’au bout soutenus par le chef de l’Etat. Ali Bongo Ondimba, qui avait fait de cette CAN 2017 une affaire de prestige, tentait après la défaite de remobiliser le public, venu en nombre dimanche.

« Merci à tous pour votre présence et votre énergie, restons tous rassemblés pour vivre cette CAN 2017 avec nos frères d’Afrique ! », a écrit sur son compte Twitter le chef de l’Etat gabonais. La possibilité de voir la suite de la compétition se disputer devant des tribunes clairsemées n’est pas à exclure.