Erdogan accuse l'Europe de vouloir "privilégier une organisation terroriste plutôt que la Turquie"
Le Président turc a vivement critiqué l’Union Européenne qui demande à la Turquie de modifier sa législation antiterrorisme, comme condition à la levée des visas pour les ressortissants turcs à l'entrée de l'espace Shengen

Ankara
AA - Ankara - Tuncay Çakmak
Le Président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a vivement critiqué l’Union Européenne (UE) qui demande à la Turquie de modifier sa législation antiterrorisme, comme condition à la levée des visas européens pour les citoyens turcs à l'entrée de l'espace de Shengen.
Erdogan a prononcé une conférence, jeudi, qu'il a consacrée à plusieurs questions dont la lutte contre le terrorisme et le projet de nouvelle constitution en Turquie.
Il a commencé son propos en condamnant l’exécution pour «crimes de guerre» de Motiur Rahman Nizami, leader du parti Jamaat-e-Islami au Bangladesh.
«Je ne crois aucunement que le défunt Nizami ait commis une quelconque faute qui nécessitait une telle condamnation», a-t-il martelé, critiquant l’attitude de la communauté internationale a la suite de cette exécution.
«Ceux qui affirment être contre la peine de mort, n’ont pas élevé la voix contre le Bangladesh. Evidemment, la personne exécutée est un musulman et un savant», a-t-il dénoncé.
Le Président turc a ensuite commenté la décision du Parlement Européen de ne pas avancer sur la question de la levée des visas pour les ressortissants turcs, tant que Ankara ne modifie pas sa législation antiterrorisme.
"Si l'Union Européenne veut se rabaisser au niveau d'une organisation terroriste en la prenant pour interlocuteur à la place de la Turquie, qu'elle le fasse, ça ne nous pose pas de problèmes. A nos yeux, il n'y a aucune différence entre une organisation terroriste et ceux qui défendent ses thèses", a-t-il lancé.
Erdogan a accusé les Européens d'aider les terroristes afin de les pousser à diviser la Turquie.
"Nous avons le droit de ne pas prendre en considération ceux qui n'ont pas le souci du sort de Kilis ou d'Alep. Tout particulièrement les institutions de l'Union Européenne et certains pays qui critiquent la position de la Turquie dans sa lutte contre le terrorisme. Ce qu'ils jugent légitime pour eux-mêmes, ils le voient comme un luxe pour nous, c'est clairement la double norme", a-t-il déclaré.
Les récents tirs de Daech depuis la Syrie sur la ville de Kilis dans le sud-est de la Turquie, toute proche de la frontière syrienne, ont fait 21 morts parmi les civils turcs.
«Face aux tirs de Daech contre Kilis depuis la Syrie, nous nous préparons à nettoyer l'autre côté de la frontière [turco-syrienne]. Mais pour l'heure, nous n'avons pas obtenu un soutien suffisant de nos alliés qui ont une force militaire dans la région", a-t-il expliqué.
Le chef de l’Etat est ensuite revenu sur les propos de Kemal Kilicdaroglu, président du Parti Républicain du Peuple (CHP, opposition), concernant l'instauration d'un régime présidentiel en Turquie.
«Ce monsieur, qui a un sérieux problème d’équilibre, affirme que le passage à un système présidentiel ne peut se faire que dans le sang. Par ses mots, il trahit la politique, le parlement et la volonté du peuple», a-t-il dit.
«L’important c’est de réaliser les choses qui sont bénéfiques pour notre peuple et notre pays. Si d’autres ont d’autres propositions sur le sujet, qu’ils les expriment», a-t-il ajouté.
Et Erdogan de conclure: "Tôt ou tard, le projet d'une nouvelle constitution sera soumis au peuple, ainsi que l'adoption d'un système présidentiel".
Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.