Erdogan: "Le Traité de Lausanne n'est pas bien appliqué"
- Le Président turc a particulièrement souligné la situation des Musulmans de Thrace Occidentale, "victimes de discriminations", lors de sa rencontre avec le Président grec Pavlopoulos
Ankara
AA - Athènes - Tuncay Çakmak
Le Président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a souligné l’importance de respecter l’ensemble des points prévus par le Traité de Lausanne (signé en 1923 entre la Turquie et les pays Alliés après la Guerre d’indépendance), attirant l’attention sur la situation des Musulmans vivant en Thrace Occidentale (nord-est de la Grèce).
Le Chef de l’Etat a été reçu jeudi à Athènes par son homologue grec Prokopis Pavlopoulos.
Erdogan est arrivé dans la journée en Grèce pour une visite officielle de deux jours pendant laquelle il rencontrera de nombreux dirigeants grecs.
Les deux leaders ont tenu conjointement une conférence de presse.
Erdogan a d’abord exprimé sa joie de revenir à Athènes en tant que Président de la République, ce qui est une première depuis 65 ans.
"Je tiens à remercier mon hôte pour avoir mis sur la table les points essentiels qui restent à régler entre nos deux pays, a-t-il poursuivi. Il me semble que certains points du Traité de Lausanne ne sont pas encore compris. Il ne faut pas oublier que ce traité n’a pas été signé qu’entre nos deux pays. Il y a 11 autres pays signataires, dont l’Angleterre et le Japon".
Pour illustrer son propos, le Président turc a évoqué la question de la minorité turque et musulmane majoritairement présente en Thrace Occidentale.
"Il est toujours impossible pour les Musulmans de la Thrace Occidentale d'élire eux-mêmes leur Grand Mufti. C’est l’Etat grec qui nomme ce dernier. Comment pouvons-nous, dans ces conditions, affirmer que le Traité de Lausanne est appliqué", a-t-il questionné.
"Le PIB par habitant en Grèce est de 18 mille dollars en moyenne, alors qu'il n'est que de 2,2 mille dollars pour les Musulmans vivant en Thrace Occidentale. Ils ne bénéficient pas pleinement de lieux de cultes. Le simple mot 'turc' n'est pas toléré. Il est ici question de discriminations. Vous ne pouvez pas observer une telle situation en Turquie concernant les citoyens d'origine grecque. Le Patriarcat grec d’Istanbul choisit lui-même son Patriarche", a-t-il détaillé.
Le Président turc a ajouté que lors de ses précédentes rencontres avec les différents chefs de gouvernement (trois depuis l’arrivée d’Erdogan au pouvoir en 2003), il a, à chaque, fois évoqué ces questions mais qu’aucune solution n’a été apportée à ce jour : "je vais évidemment en parler lors de mon entretien avec le Premier ministre Tsipras".
Erdogan a également évoqué la question de la division de Chypre.
"Notre objectif est de trouver une solution juste et durable à Chypre. Pareil pour les questions liées à la Mer Egée. Nous devons faire le nécessaire dans les plus brefs délais. Ces questions datent de 94 années. Beaucoup de choses ont changé. Je suis convaincu que les deux parties peuvent s’entendre", a-t-il assuré.
Le dirigeant turc a appuyé la bonne volonté de la Turquie en donnant l’exemple de l’adhésion de la Grèce à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).
"Si nous avions fait obstacle, vous n'auriez pas pu réintégrer l'OTAN. Le refus d’un seul état membre peut être suffisant pour bloquer un tel processus. Nous ne l'avons pas fait, parce que vous êtes nos voisins. Aujourd’hui encore, nous sommes dans ce même état d’esprit", a-t-il dit.
"En tant que Président de la République de Turquie, je souhaite que nous nous focalisions sur la partie pleine du verre. Nous devons renforcer nos relations. Avec ma visite, je souhaite que nous mettions de côté le passé et que nous regardions vers l'avenir", a-t-il renchéri
Pour conclure, le Président Erdogan a regretté de ne pas avoir pu se rendre en Thrace Occidentale.
"J'aurais aimé, lors de cette visite, me rendre auprès de mes compatriotes en Thrace Occidentale, mais malheureusement certains groupes courent derrière des provocations. Je regrette que pour cette visite d'un président turc en Grèce après 65 ans, de telles provocations n'aient pas été contrôlées (par l'Etat grec)", a-t-il terminé.
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