AA / Kigali - Kinshasa / Gaïus Kowene - Francine Mokoko
Les échanges de tirs entre soldats rwandais et congolais, débutés mercredi et qui se sont poursuivis jeudi matin dans la zone frontalière des deux pays, faisant cinq morts du côté congolais, ont été déclenchés suite à une tentative de vol de vaches, selon des habitants rwandais de la région.
« Hier matin (mercredi) alors que je m’occupais de mes vaches, des militaires congolais sont arrivés. Je les ai immédiatement reconnus à leur tenue et à leur langue. Ils ont essayé de prendre deux de mes vaches restantes, après en avoir déjà volé 14 il y a quelques mois. Je me suis alors mis à crier et mes voisins aussi », a témoigné Byumvure Seth, un éleveur âgé de 36 ans et père de 7 enfants, habitant du village de Kyamabuye dans le district de Rubavu, situé à la frontière avec la RDC à 170 km au nord-ouest de Kigali la capitale rwandaise, et théâtre des affrontements de ces deux jours.
« J’ai alors alerté une patrouille de l’armée rwandaise. Quand celle-ci est arrivée, les militaires qui étaient venus pour voler mes vaches ont paniqué et ont commencé à tirer dans tous les sens », poursuit Seth avant d’expliquer que « c’est comme ça que les militaires rwandais ont répliqué contre les voleurs de vaches".
Selon une source militaire rwandaise, les militaires congolais se sont repliés après ce premier échange de tirs qui a eu lieu mercredi matin afin d’appeler des renforts pour récupérer les corps des leurs.
A leur retour, « il y a eu une seconde vague d’affrontements », poursuit le militaire qui a préféré garder l’anonymat.
Selon plusieurs habitants rwandais, les vols de vaches sont monnaie courante dans la région.
Joint par téléphone à ce sujet, le ministre des médias et porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, a reconnu à demi-mot que le vol des vaches pouvait être à l'origine des affrontements mais a considéré dans le même temps qu'il s'agissait surtout d'un prétexte fourni par le Rwanda pour "justifier leur acte criminel" (la mort des 5 militaires congolais).
"Qui a tenté de voler ces vaches? Est-ce un groupe ou un individu? Faut-il tuer quelqu'un quand on vole une vache? " s'est interrogé Lambert Mende, avant de poursuivre "est-ce que la loi rwandaise permet qu'on abatte un homme parce qu'il a volé une vache? Tout ceci n'est qu'un prétexte et de la provocation de la part du Rwanda."
Alors que, durant la journée de mercredi, le gouvernement congolais avait publiquement accusé le Rwanda d’être responsable du déclenchement des hostilités, Kigali ne s'était exprimé pour sa part, que dans la soirée de mercredi, à travers un communiqué officiel rendu public, accusant l’armée congolaise d’avoir franchi la frontière à deux reprises durant la journée en ouvrant le feu.
Cité par le texte, la ministre rwandaise des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement, Louise Mushikiwabo avait exhorté « les dirigeants de la RDC (...) à adopter une logique de paix et à mettre fin à toutes les attaques sur le territoire rwandais », précisant que le Rwanda « était prêt à agir pour protéger ses citoyens ».
La reprise des combats entre la RDC et le Rwanda après près de six mois de calme relatif, inquiète la communauté internationale.
Ainsi, le Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies en RDC, Martin Kobler "s’est dit préoccupé" par la reprise des hostilités entre la RDC et le Rwanda, peut –on lire dans un communiqué officiel publié jeudi.
Kobler a ainsi exhorté les deux pays « à désamorcer la tension et à s’abstenir de tout acte de violence », indique le texte.
« J’appelle les deux parties au calme et les exhorte à prendre urgemment les mesures qui s’imposent pour rétablir la sécurité dans la zone frontalière », a déclaré le Chef de la Monusco .
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